Alors que le chef de l’Etat sortant pousse pour leur imposer son premier ministre comme successeur, à la présidentielle 2020, Paris, par les milieux d’affaires français refusent de suivre. Dans leurs petits papiers, un nom fait l’unanimité.
Depuis son départ du Crédit Suisse, c’est vers lui que lorgnent les milieux d’affaire français. Les lobbies hexagonaux qui ont voix au chapitre dans la politique intérieure ivoirienne estiment que Tidiane Thiam a le profil idéal pour succéder à Alassane Ouattara.  L’occasion faisant le larron, des démarches ont été entreprises auprès de l’ancien patron du CS pour le convaincre de se laisser tenter. En prime, des assurances lui ont été données de bénéficier du soutien et de l’appui de Paris.  Fidèle à ses habitudes, le concerné, qui a manifesté un intérêt certain pour l’offre, a toutefois sollicité un temps de réflexion.
Amadou Gon ne rassure pas
Cette manœuvre, de source proche du dossier, s’explique par le fait que Amadou Gon ne rassure pas. « C’est le choix de Ouattara qui cherche à l’imposer aux Français, par l’intermédiaire de son ami Nicolas Sarkozy », révèle-t-on. Le premier ministre, à la différence de l’ancien patron du Crédit Suisse n’a pas la stature pour assumer la fonction, estiment les milieux d’affaires hexagonaux. Leur jugement est étayé par des rapports des renseignements français. Ceux-ci décrivent, Amadou Gon comme un homme « sans charisme, renfermé, peu enclin au dialogue ». Il n’aurait donc pas le profil pour garantir et préserver les intérêts de l’ex-puissance coloniale dans ce pays qui revêt une importance stratégique pour son économie.  Pour Paris, il est vital de ne pas reproduire les erreurs qui ont abouti au coup d’Etat du 24 décembre 1999 et à l’avènement du nationaliste Laurent Gbagbo. Sous son magistère, les relations entre les deux pays s’étaient particulièrement détériorées. Aboutissant à la naissance d’un sentiment antifrançais jamais égalé. En misant sur Tidiane Thiam, la France espère surtout pérenniser sa mainmise sur un pays où il a beaucoup investi ces dernières années.
Adoubé par le PDCI-RDA
Pour atténuer l’impression de parachutage, les milieux d’affaires français projette faire adouber la candidature de l’ex-patron du Crédit Suisse par le PDCI-RDA de Henri Konan Bédié. A lui d’en faire le candidat de la Coalition pour la démocratie, la réconciliation et la paix (CDRP), au second tour éventuellement. « Il s’agit de donner une base électorale à un candidat qui n’en a pas », explique-t-on. Après le putsch de 1999, Tidiane Thiam s’est soigneusement tenu à l’écart de la sphère politique locale.
Y.T
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