24 heures après la violation par le parlement ivoirien des mesures édictées par le conseil national de sécurité dans le cadre de la lutte contre le coronavirus, l’échec du confinement à l’INJS des voyageurs en provenance d’un pays affecté par plus d’une centaine de cas de la pandémie l’atteste. La Côte d’Ivoire est mal préparée à faire face à la maladie. Le constat est corroboré par des médecins qui redoutent le pire.
Faut-il s’attendre au pire en Côte d’Ivoire ? Face à la propagation du coronavirus des médecins ivoiriens semblent pessimistes. Certains révèlent que le pays ne dispose pas des moyens requis pour freinerla maladie.« Si vous présentez les symptômes suivants : fièvre, toux sèche et rhume, on vous fera un prélèvement à transmettre à l’Institut pasteur pour analyse. A défaut de traitement, les médicaments qui vous seront administrés visent à calmer les symptômes de la maladie en espérant que votre système immunitaire soit suffisamment fort pour éradiquer le coronavirus», confie l’un d’entre eux.
En quoi consiste le test de dépistage ?
Pour confirmer la présence du virus dans le corps du malade, il est procédé au prélèvement de cellules naso-pharyngés (gorge, nez, nasopharynx) à l’aide d’une sorte de long coton-tige. L’échantillon est ensuite expédié à l’Institut pasteur.
Témoignage d’un cas suspect
Un prélèvement qu’affirme ne pas avoir subi une dame qui présentait deux des trois symptômes. Voici son témoignage : « Jeudi 12 Mars 2020 : (…) je commence à tousser avec une grosse fatigue et des problèmes respiratoires notamment quelques crises d’asthme en 48 heures. Dans la nuit mon état se dégrade considérablement … Nous sommes inquiets. Je présente des symptômes similaires en dehors de la fièvre que je n’ai pas mais est-ce une raison pour ne pas s’inquiéter ? Surtout que du 17 au 23 février dernier, nous avons reçu quelqu’un de la France (…) Vendredi 13 Mars 2020 : Je contacte de 143 et le 101 sans succès. J’appelle alors le 20256996. J’explique calmement la situation au monsieur. Je n’ai pas de fièvre mais je présente des symptômes similaires au COVID-19. Il prend mon numéro, le transmet à une équipe du 101 qui m’appelle aussitôt. Je suis soumise à un questionnaire au bout du fil et finalement mon interlocuteur me situe : madame, si vous aviez été récemment en contact avec une personne venant d’un pays contaminé, nous vous aurions mise en quarantaine à votre domicile et une équipe se serait déplacée. Étant donné que ce n’est pas le cas, nous vous suggérons de porter un masque si vous en avez et vous rendre dans un centre de santé le plus proche afin d’être prise en charge. En cas de besoins, le centre nous contactera directement (…) Je me décide finalement de me faire accompagner au Centre Médical Les Jardins des deux plateaux vallons… Je suis reçue par Dr TIEMELE, pneumologue spécialisé dans les maladies infectieuses. Il porte un masque, des gants, une blouse de protection. Il me soumet à un questionnaire, prend mes constantes et vérifie ma respiration…Le Professeur BOGUI, fondateur de la clinique et son épouse cardiologue viennent s’enquérir de la situation. Ils contactent le 143, puis le 101 sans succès. Les services sanitaires demandent à ce que je me rende au centre des maladies infectieuses du CHU de Treichville. Le Pr BOGUI est ferme. Pas question de risquer de contaminer d’autres personnes en me déplaçant. Ils essaient par tous les moyens de contacter un responsable et enfin on nous confirme qu’une équipe se déplacera. Je suis soumise au même questionnaire en ligne… 17h moins, arrive enfin un représentant de l’INHP, Dr TAMANÉ. Il a dans l’intervalle reçu toutes mes réponses aux questions posées et toutes mes constantes. Il arrive sans combinaison, moins emballé que les médecins de la clinique, avec juste une bavette au visage. Il me rassure, me repose les mêmes questions, et conclut : vous n’avez pas le Coronavirus Madame… »
Des raisons de s’inquiéter
De l’avis d’un pharmacien les raisons de s’inquiéter sont diverses. Elles vont de notre incapacité presque structurelle à nous conformer aux mesures annoncées pour préserver la santé de tous au manque évident de moyens destinés à combattre le coronavirus. « La précipitation avec laquelle le conseil national de sécurité a annoncé les mesures, 5 jours après la découverte du premier cas, n’étaient pas de nature à permettre au personnel médical d’être immédiatement prêt. Le matériel de dépistage n’est toujours pas disponible dans la majorité des centres de santé. En dehors des masques, du gel hydro-alcoolique et des gants, nos hôpitaux auront du mal à faire face à un afflux de malades », estime-t-il. Quel usage a-t-il été fait des 4 milliards décaissés dans le cadre de la riposte ? L’impréparation observée à l’INJS supposé accueillir les voyageurs en provenance des pays ayant plus de 100 cas, et la décision du ministre de la Santé de finalement autoriser ces voyageurs à regagner leurs domiciles d’où ils feront l’objet d’un suivi et prise en charge, sont symptomatiques de l’incapacité des autorités à trouver des réponses efficientes à la crise sanitaire qui se profile. Pourrait-il en être autrement lorsque sous la pression,  le seul argument qui vaille comme alternative reste celui de la « faveur » ? Preuve que le gouvernement est complètement dépassé,  des vidéos qui circulent sur les réseaux sociaux, montrent des éléments des forces de l’ordre commis à l’application des mesures sans protection aucune. Seraient-ils du fait de leur profession immunisés contre le virus ?
Indiscipline et passe-droit
Dans un pays où l’indiscipline et les passe-droits constituent la norme, avec 9 cas déclarés au 18 mai 2020, les risques de contamination vont s’accroitre. Les parlementaires ont donné le ton le 17 mars avec plus de 500 personnes réunies pour le vote du projet de loi portant révision de la constitution. On a pu voir comme dans une cours de recréation, Ahoussou Jeannot et Amadou Soumahoro, ci-devant présidents du Senat et de l’Assemblée nationale se tenir par la main… S’engouffrant dans la brèche, Adama Bictogo, sur décision, affirme-t-on du premier ministre, a soustrait ses enfants au confinement. Avec lui, Jacques Anoma, Asalfo, Max Gradel…Le respect de la distance de 1 mètre prescrit est ignoré dans les grandes surfaces, les pharmacies et aux abords des boulangeries  prises d’assaut. Dans les transports en commun utilisés par plus de 80% de la population ; il s’avère impossible à mettre en œuvre.
Temps de survie du virus sur certaines surfacesÂ
Contrairement aux idées reçues, et selon une infographie réalisée par le site www.perolsblogs.com le temps de survie du virus sur certaines surfaces ; peau humaine, vêtements, pièces d’argent et billets de banque, poignées de porte, bois, papier, verre et métal, plastique varie de quelques minutes à plus d’une semaine. Se laver seulement les mains avec du savon ou les nettoyer au gel hydro-alcoolique ne suffira donc pas !
Y.T
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