« Ce que Paris veut, Paris l’obtient toujours, en Côte d’Ivoire », assure un observateur avisé de la scène politique nationale depuis plus de trente ans. Allusion à la candidature de Tidjane Thiam.
« Ce que Paris veut, Paris l’obtient toujours, en Côte d’Ivoire », débute A.M au téléphone. « Je suis, sans prétention aucune, au cœur de l’actualité politique et des tractations qui y ont cours, depuis plus de trente ans. Je puis vous affirmer que la mise au-devant de la scène de Tidjane Thiam, le momentum, le temps choisi pour le faire, le verbatim et le décorum qui y président ne sont pas le fruit du hasard. Rappelez-vous comment l’actuel président de la République est apparu sur la scène politique et comment il est parvenu au sommet de l’Etat », suggère-t-il.
L’Afrique représente l’avenir de la France
La politique africaine de l’Elysée, précise A.M ; s’inscrit dans ce qu’il est convenu d’appeler les convergences parallèles. Une logique de continuité, qui s’affranchit des clivages idéologiques. « Autant hier, ils ont décidé que ce devait être Bédié, ensuite Ouattara… Aujourd’hui, leur choix se porte sur Thiam, un produit de l’Ecole française », déclare-t-il.
« La classe politique, à une ou deux exceptions, est unanime sur un point. L’Afrique représente l’avenir de la France. Y conserver une influence durable, notamment dans les anciennes colonies, constitue un enjeu majeur de la politique étrangère de l’Hexagone », poursuit-il.
C’est ce qui justifie le maintien du F CFA ou encore les incessantes interférences des décideurs  de ce pays dans le jeu politique en Côte d’Ivoire. « Sans la volonté de Paris de reconnaître la légalité constitutionnelle en Côte d’Ivoire, Bédié n’aurait pas accédé à la magistrature suprême, le 07 décembre 1993. Si vous vous en souvenez, Alassane Ouattara, le premier ministre de l’époque, avait souhaité quérir l’interprétation du conseil constitutionnel français au sujet de la vacance de pouvoir après le décès de Félix Houphouët-Boigny. » Rappelle-t-il.
Exfiltration de Bédié et de Ouattara
Cette référence à l’histoire lui sert de prétexte pour évoquer l’exfiltration du chef de l’Etat déchu six ans plus tard. Lors du coup d’Etat du 24 décembre 1999. Henri Konan Bédié et ses proches se retrouveront à la résidence de France, puis au 43ème BIMA d’où ils s’envoleront pour le Togo…Avant de rallier Paris !
Lorsque survient la rébellion en septembre 2002, Alassane Ouattara n’a la vie sauve que sur instruction du président Jacques Chirac (17 mai 1995 – 16 mai 2007). Il transite comme son prédécesseur par la résidence de France…
Omniprésence française
« Vous pensez que c’est par humanisme ? » S’enchaînent alors les questions ; « Quelle a été la première force militaire à s’interposer entre les FDS, l’armée régulière ivoirienne et les rebelles du MPCI, avant l’arrivée des troupes de la MICECI (Ndlr : Mission d’interposition de la CEDEAO en Côte d’Ivoire) ? Quel pays a mené les négociations entre les parties en conflit ? Marcoussis du 15 au 24 janvier 2003, ça vous parle ? » A.M aboutit au constat que l’ex-puissance coloniale est omniprésente dans la vie politique locale.
Orientations politiques du PDCI-RDA dictées par Paris
Il aborde ensuite les orientations politiques du PDCI-RDA depuis septembre 2002. « Que ce soit le rapprochement avec le G7 en 2003; (Ndlr : Groupement de 4 partis politiques, RDR, UDPCI, MFA, PDCI-RDA et de 3 mouvements rebelles ; MPCI, MPIGO  et MJP ayant fusionné pour donner les Forces Nouvelles en janvier 2003); la création du RHDP, le 18 mai 2005, à Paris ; l’appel en faveur de Ouattara au second tour de l’élection présidentielle d’octobre 2010 ; Bédié s’est toujours rangé derrière les avis et recommandations de l’Elysée. Ce que Paris veut, Paris l’obtient toujours, en Côte d’Ivoire. Ça ne changera donc pas pour la candidature de Tidjane Thiam ! » Annonce A.M. « Malgré ses hésitations, vous verrez. Bédié finira par assouplir sa position. » Confesse-t-il.
«Vous avez sans doute noté qu’il est désormais favorable à d’autres candidatures pour la convention du parti ?» Enfonce-t-il.
Y.T
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