Conseillé par son sorcier blanc, le professeur Marc Gentilini, spécialiste des maladies infectieuses et tropicales, le chef de l’Etat a cru bon de suivre les autorités françaises dans leur décision de procéder au “déconfinement”, le 11 mai.
Mal lui en a pris. 24 jours après son message à la nation le 07 mai , 10 jours après la réunion du conseil national de sécurité du 14 mai , le pari de l’endiguement du virus tourne au fiasco.
Avec 44,65% de cas de contamination depuis trois semaines, 118 nouveaux cas enregistrés, le 1er juin ; la Côte d’Ivoire flirte dangereusement avec le désastre sanitaire.
Les prévisions pessimistes de l’Organisation mondiale de la santé vont-elles devenir réelles ? Assurément ! Si rien n’est fait pour inverser la tendance haussière.
On aura beau se féliciter du taux de guérison, minimiser le taux de létalité de la maladie, elle a quand même occasionné 33 morts !
Dans un pays où la sécurité sociale en est encore à ses balbutiements, ces décès sont susceptibles d’induire la déstructuration des familles endeuillées. Occulter cette occurrence, s’en convaincre n’équivaut ni plus, ni moins à pratiquer la méthode Coué. Casser le thermomètre en espérant faire baisser la fièvre.
Le relâchement observé depuis la levée de certaines restrictions – matérialisé par le non respect des mesures barrières dans des maquis et autres lieux publics, le non port du masque, obligatoire dans le grand Abidjan – constitue le terreau idéal pour la dissémination à large spectre du coronavirus.
Lorsque s’y ajoute l’incrédulité de ceux qui n’ont aucun parent ou proche contaminé, les comportements à risque deviennent majuscule.
Et pourtant, les chiffres, bien que perçus comme tronqués, sont parlants. Sur la base des 27 650 tests effectués, les projections n’incitent guère à l’enchantement. Qu’en sera-t-il avec 100 mille ou 1 million de personnes dépistées ?
Abidjan n’est pas Paris !
Ce n’est pas parce que le câble permet d’être au parfum des tendances en vogue dans la capitale française, que les étals des grandes surfaces ou des pharmacies sont achalandés comme si…
Que certains concitoyens s’efforcent de grasseyer pour se donner des airs de parigots, qu’il faut se leurrer.
Les assertions du genre “Quand il pleut à Paris, Abidjan est mouillée” relève du fun. Un grossier mimétisme.
Comparaison n’est certes pas raison. Mais à Paris, le nombre de cas est continuellement en baisse depuis le déconfinement.
A Abidjan, ils augmentent. Pis, on accueille des enseignants contaminés, ramenés de l’intérieur du pays. Tout simplement parce qu’on s’est montré incapable de leur exiger un test de dépistage au préalable.
A Paris, on attache du prix à sa santé, à sa vie, à celle des autres. On se protège !
A Abidjan, c’est loin d’être le cas pour tous ! On attend que Ouattara distribue des masques. S’il ne le fait pas, on va se défouler sur les réseaux sociaux, en le critiquant. Ensuite, on ira mettre en exergue ses narines dilatées dans la rue ! ça ne tue pas Africain !
Si malgré tout, advient le pire, on pourra se consoler, soulager sa conscience. Surtout dégager sa responsabilité en accusant comme d’habitude les sorciers. Même si le virus vient de Chine !
Comment avec un tel paradigme, les autorités ont-elles pu convoquer la bonne foi d’hommes et de femmes pour qui tout est matière à plaisanterie et insouciance ?
Le comble de la bêtise, à Agboville par exemple, on pousse la “nègrerie” à moquer ceux qui décident de porter le masque ! “Les blancs, les chocos !” Voilà les termes de la stigmatisation.
Abidjan n’est pas Paris.
Au risque de choquer, c’est par la répression que la covid-19 sera vaincue. Toute autre alternative serait peine perdue !
Y.T
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