Lancé en avril 2021 sur la terre du pachyderme, la marque au pingouin noir et blanc, Wave, est en train de bouleverser les habitudes des ivoiriens en matière de transfert d’argent via le téléphone mobile. Leader de ce marché en Afrique de l’Ouest, Orange fait face depuis peu à une sérieuse concurrence dans ce domaine. Concurrence qui mènera les deux entreprises au litige en terre sénégalaise. Serait-ce le tour de la côte d’Ivoire ?
La fintech Wave fondée par deux étudiants américains Drew Durbin et Lincoln Quirk en première année d’université, fait l’objet depuis peu de toutes les spéculations. En cause ses tarifs quasi inexistants sur les dépôts et retraits d’Argent.
Ne prélevant que 1% du montant lors des transferts d’argent, cette entreprise met à mal les géants du secteur qui offraient à la population des tarifs deux à trois fois supérieurs.
Pour preuve, le tableau statistique des frais de transactions d’orange CI que voici :
Face à la croissance toujours plus rapide de Wave dans les la sous-région, le géant de la téléphonie Orange a dû se résoudre à casser ses prix dans un pays comme le Sénégal.
Sénégal, première conquête de Wave
Arrivé en terre sénégalaise en mai 2020, l’entreprise américaine spécialisée dans les transactions à bas couts, n’a pas dérogé à ses principes opposant à ses concurrents une grille tarifaire « low cost » de 1% sur les transferts entre particulier.
Sentant venir la vague bleue, Orange Sénégal entame alors un bras de fer long de plusieurs semaines avec ladite start-up.
Orange Sénégal décide ainsi de lui couper la possibilité de distribuer du crédit téléphonique via son application mobile et par code USSD.
C’est le début d’un conflit commercial entre les deux structures faisant intervenir l’autorité en matière de télécom du pays (ARTP) pour trancher équitablement.
Contraint de céder, Orange baisse les semaines suivantes sa grille tarifaire sur les paiements de factures et les transactions entre particuliers.
En témoigne le passage de 1400 Fcfa de frais pour les retraits entre 20 001 Fcfa et 30 000 Fcfa à 270 Fcfa. Quant aux retraits entre 50 001 FcFa et 99 999 Fcfa, ils passent à 300 Fcfa au lieu de 2600 auparavant. Des prix bas qui n’ont pas eu l’effet escompté et provoquent le courroux des sénégalais.
Face à ce scénario observé au Sénégal, l’on est en droit de s’interroger sur la nature des relations qu’entretiennent Wave et Orange sur le territoire ivoirien.
Quid de la Cote d’Ivoire ?
Accusé depuis peu d’interdire à ses distributeurs d’associer à leurs offres habituelles le service Wave, Orange CI fait la fine bouche.
Une attitude plus ou moins coupable selon les dires du média 7info qui s’est chargé d’enquêter au mois de juin à l’effet de savoir si orange met bel et bien des bâtons dans les roues de la concurrence.
Transaction WaveD’après le média, les accusations ont été faites par les distributeurs eux-mêmes. Ils se plaignent de recevoir des menaces de la part des superviseurs de l’opérateur historique, Orange. Corroborant cette hypothèse, on peut lire dans les lignes d’un article du dudit média les propos d’un distributeur de la commune d’Abobo en ces termes :
« Il y a quelques jours, j’ai encore reçu un superviseur d’Orange Côte d’Ivoire à mon point de vente d’Abobo. Il me dit en chahutant que nous donnons notre argent à un pingouin (logo de Wave). J’ai répondu que je le fais parce que je gagne plus. Je vous explique. J’ai fait un dépôt de 33 000 FCFA et un envoi de 2000 F sur Wave. J’ai reçu comme commission 950 FCFA. Pourtant, pour ces mêmes montants avec Orange, le bénéfice est de 234 FCFA environ. Quand on faisait un retrait de 50.000 FCFA sur Orange, la commission s’élevait à 275 FCFA. Après, c’est passé à 250 F puis 200 F sans raison valable. Nous avons accepté la situation sans broncher. Mais, aujourd’hui l’arrivée d’un nouvel opérateur dans le milieu redistribue les cartes et c’est mieux », peut-on lire dans l’article du média.
Malgré ses accusations, le géant de la téléphonie se veut rassurant comme l’atteste ses phrases tirées d’un communiqué de la stucture : « Nous ne poserons aucun acte qui pourrait leur porter préjudice ».
S’adressant à ce canard, les distributeurs se disent très satisfaits de leur collaboration avec la filiale ivoirienne de la start-up américaine.
Wave, avantageux pour les usagers mais pas que…
Installé depuis otobre 2020 dans le quartier d’Anono à Cocody, un distributeur ne tarie pas d’éloge quant à sa collaboration fructueuse avec la maison Wave : « Notre collaboration est simple et amicale et nous sommes plus satisfait de travailler avec Wave »
Plutôt discret au moment de parler de chiffres, le distributeur ne niera pas gagner beaucoup plus de bénéfices avec les transactions Wave qu’avec celles des maisons de téléphonies historiques.
En seulement quelques mois d’existence en Côte d’Ivoire, Wave semble déjà se faire une place dans le portefeuille des abidjanais et multiplie les points de distribution.
Reste à savoir si la vague bleue emportera tout sur son passage…même les géants du secteur ? Rien n’est moins sûr.
K. et R. A.
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