Le Mali, l’un des sujets brulants du 62è sommet de la CEDEAO qui s’est réuni le 04 décembre au Nigéria, a assisté à la réinstallation dans son fauteuil du Premier ministre Choguel Maïga. Il revient en première ligne après avoir été écarté du pouvoir pour des urgences médicales. Le décret nommant son intérimaire a été abrogé par Assimi Goïta. Il lui reviendra donc de gérer les suites de la décision de la CEDEAO  d’envoyer contre le pouvoir malien une force militaire si d’ici le 1er janvier 2023 les 46 « soldats » ou « mercenaires » ivoiriens détenus au Mali  n’étaient pas libérés. Â
A l’entame du sommet, les chefs d’État de la CEDEAO et/ou leurs représentants s’étaient retirés dans une salle de la présidence nigériane pour un huis clos. Le Mali et les 46 « soldats » ou « mercenaires » ivoiriens encore détenus par Bamako tenaient une place de choix à ce huit clos.
Ainsi le 62e sommet de la CEDEAO a-t-il pris la décision de taper du poing sur la table et de demander au Mali, la libération des 46 militaires encore détenus à Bamako depuis un peu plus de quatre mois. Et ce, avant le 1er janvier 2023. A contrario, des sanctions seront prises contre les autorités maliennes. Il reviendra au président togolais, Faure Gnassingbé Eyadema, médiateur dans le dossier, de porter aux autorités maliennes l’ultimatum de la CEDEAO.
A en croire des informations données par Rfi, la radio de la françafrique, sur le plan judiciaire, l’instruction de la première instance des 46 militaires est terminée et le dossier a été transmis au parquet général depuis le 25 novembre. Mais si les militaires ivoiriens sont toujours détenus à Bamako, c’est parce que les autorités de transition maliennes veulent coûte que coûte voir les deux parties prendre des engagements. Normal dirait le sage ; surtout pour qui connait les velléités d’Abidjan contre Bamako.
Abidjan, après avoir qualifié d’inacceptables les conditions posées par le Mali, a laissé entendre qu’une visite officielle d’Assimi Goïta pourrait avoir lieu après la libération des militaires. En novembre, l’invitation à Bamako du ministre ivoirien de la Défense Téné Birahima Ouattara avait ravivé l’espoir de voir ce dossier être clôturé. Mais la visite fut reportée.
Une autre annonce forte faite par Omar Touray, président de la commission de la Cédéao, à Abuja, au Nigéria : «les dirigeants de la Cédéao ont décidé de recalibrer l’architecture sécuritaire de la région». Ainsi les pays ouest-africains entendent-ils bien prendre en main leur «propre sécurité» et non plus s’en remettre à des acteurs extérieurs. Ils sont «résolus à établir une force régionale qui interviendra en cas de besoin, qu’il s’agisse de sécurité, de terrorisme ou de rétablir l’ordre constitutionnel dans des Etats membres», après un coup d’état », toujours selon le président de la commission.
Il a indiqué que des responsables militaires de la région se réuniraient durant la deuxième moitié de janvier pour discuter des modalités d’établissement de la force régionale. Les dirigeants ouest-africains ont d’ores et déjà décidé pour le financement de ne pas s’en remettre uniquement aux contributions volontaires qui ont déjà montré leurs limites. Omar Touray n’a toutefois pas donné de précision sur la nature du financement envisagé à ce stade.
La CEDEAO avait fixé comme priorité de son 62e sommet la lutte contre le terrorisme et les coups d’Etat militaires. Plusieurs pays de la région sont en effet en proie à la propagation djihadiste qui, prend sa source dans l’assassinat du l’ex président libyen, Mohamad Kadhafi par la France et l’ONU.  Parti du nord du Mali, le djihadistes ont gagné le centre de ce pays, mais aussi le Burkina Faso et le Niger, et s’étendent vers le sud et le golfe de Guinée. Les armées nationales sont généralement impuissantes et ont souvent recours à des acteurs extérieurs étatiques (Russie, France…) ou non (ONU).
Quant à la formation d’une force régionale contre les djihadistes et les coups d’état, il faut avoir l’honnêteté de s’interroger sur son opérationnalisation et son succès si les dirigeants de la CEDEAO continuent de voir les pouvoirs d’état comme une occasion de se servir, servir son clan, au lieu de se mettre au service d’une nation avec équité.
En effet, il faut reconnaître que ces fléaux prennent leurs sources dans la mal gouvernance des états avec son lot d’insécurité alimentaire, d’insécurité sociale, de chômage, d’injustice, de prévarication des ressources des pays par un clan etc. d’une part. Et d’autre part, par les viols répétés des constitutions avec son corollaire de confiscation de pouvoirs par un clan qui s’autorise, avec la caporalisation de la justice et des pouvoirs, à brimer et à tuer impunément les opposants et les membres de la société civile. Tout cela, au vu et au su de la communauté nationale, internationale et de la CEDEAO elle-même qui, aujourd’hui, veut se donner une image de virginité qu’elle n’a plus aux yeux des peuples de la CEDEAO. Aujourd’hui les peuples de la CEDEAO voient le jeu des dirigeants des états membres de la CEDEAO qui font fonctionner l’institution régionale comme une mafia pour demeurer impunément et indéfiniment au pouvoir.  C’est en cela que l’opérationnalisation de cette force contre les coups d’état sera vouée à l’échec pour plusieurs raisons dont celles évoquées ci-dessus.
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Par ailleurs, le Mali, le Burkina Faso et la Guinée, Ces trois pays suspendus des organes décisionnels de la CEDEAO, ont fait l’objet de discussions entre les représentants des Etats-membres, qui ont appelé au «retour à l’ordre constitutionnel» dans ces pays. Si le ministre des Affaires étrangères guinéenne très actif est arrivé à vendre aux participants du sommet d’Abuja une transition d’une durée de 24 mois, la conférence des chefs d’État, a demandé un dialogue inclusif.
Au Burkina Faso, le sommet a validé le rapport du médiateur. L’ancien président nigérien Issoufou Mahamadou, puisque c’est de lui qu’il s’agit, a demandé une grande solidarité à l’égard de ce pays. Aussi la CEDEAO qui s’inquiète de la situation sécuritaire et humanitaire, va-t-elle aider le pays. Si elle a été scrutée à la loupe, le 62è sommet a admis que des progrès sont faits.
Au-delà , les dirigeants de la CEDEAO présents à ce 62è sommet ont posé la première pierre du siège qui va abriter les structures de l’institution régionale. Malheureusement encore une fois et à l’instar du siège de l’Union Africaine, les dirigeants de la CEDEAO sous la présidence de Umaro Sissoco Embaló ont manqué de vision pour aller à la quête d’une vraie souveraineté. Il reviendra à la Chine de financer et de bâtir l’ouvrage malgré la pléthore et le dynamisme des architecte africains. Après on va s’étonner et crier aux loups d’être sous écoute.
A.Y (avec RT et rfi)
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