RETRAIT/ARMEE FRANÇAISE/ BURKINA : la Côte d’Ivoire inquiète; « Sabre » va-t-elle se replier sur Abidjan ? Hôtel ivoire novembre 2004?

En Côte d’Ivoire, la demande de retrait des troupes françaises du Burkina Faso voisin, en date du 18 janvier et confirmée par les autorités burkinabè le 23 janvier 2023, inquiète le régime d’Abidjan. « Il faut qu’on soit vigilant, car il y a des problèmes sécuritaires et une pression sur nos frontières », indique une source officielle ivoirienne à RFI.

 

Le porte-parole du gouvernement du Burkina Faso a confirmé lundi 23 janvier 2023 que les autorités burkinabè ont demandé le départ des troupes françaises basées dans le pays, dans un délai d’un mois.  Toute chose qu’Emmanuel Macron a du mal à admettre en mettant en avant « la confusion » du pouvoir burkinabé au point d’exiger des clarifications. « J’attends que le président Traoré puisse s’exprimer, j’ai compris que les messages qui étaient sortis à ce stade relevait d’une grande confusion. Celui-ci étant en déplacement hors de la capitale, je pense qu’il faut garder beaucoup de prudence et veillez à ce qui est une spécialité de certains dans la région qui peuvent avoir partie liée à ce qui se passe en Ukraine, avec nos amis russes, nous attendons des clarifications de la part de monsieur Traoré sur ce sujet », a-t-il réagi.

En Côte d’ivoire cependant, on suit de près la situation sécuritaire dans le septentrion sahélien. Et cette demande des autorités burkinabè tombe comme une menace. Même si à Abidjan, cette décision n’est pas une surprise.

Surtout qu’elle était attendue au regard de l’actualité et le « je t’aime moi non plus entre la France et le Burkina ». Mieux la France a imposé le même scénario malien au Burkina. Le pays de Macron avait déjà pris la décision de désengager l’opération Sabre. Un article du site Africa Intelligence daté du 4 janvier 2022 et intitulé « La débâcle diplomatique française à Ouagadougou » l’annonçait. « Sur le plan militaire, la France cherche encore à trouver une porte de sortie pour sa task force Sabre (…) Son départ a été acté par Paris et devrait intervenir au courant du mois de février (…)» écrivait cette lettre confidentielle. Le président de la transition Ibrahim Traoré a donc agi comme son homologue Assimi Goïta l’avait fait en février 2022, en prenant les devants et en coupant l’herbe sous le pied à Emmanuel Macron.

 

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La visite de la Secrétaire d’Etat français à la francophonie au palais de Kosyam pour renouveler  l’engagement de Paris auprès des autorités de transition, une semaine avant la décision du Burkina, n’a pas suffi pour remettre au goût du jour la désormais fragile amitié franco-Burkinabè. Et ce n’est pas faute, côté français, d’avoir insisté, même plaidé. Et ce, en rappelant la disponibilité et la capacité de la France de s’adapter dans « l’humilité » aux exigences du Burkina Faso : « La France est en mesure de faire moins ou de faire plus, elle est aussi et surtout capable de faire différemment. », avait déclaré la Secrétaire d’Etat français à la francophonie.  Hélas, et mille fois hélas…les postures condescendantes ont toujours produit les regrets de dernières minutes.

Le pouvoir du bord de la lagune Ebrié, seul et dernier allié de taille de Paris, semble gagné par une peur bleue que le régime d’Abidjan cache mal.  « Cela ne nous laisse pas indifférent, puisque nos pays sont imbriqués », indique un officiel ivoirien avant de conclure : « il faut qu’on soit vigilant, car il y a des problèmes sécuritaires et une pression sur nos frontières ».

Il faut cependant rappeler qu’au-delà des imbrications des pays, des problèmes sécuritaires et surtout de la pression sur les frontières ivoiriennes, c’est surtout la posture du néo colon du pouvoir d’Abidjan que Paris va devoir payer cash un jour ( tout se décide entre Emmanuel Macron et le Président ivoirien – le pouvoir ivoirien peut tripatouiller la constitution et se faire réélire 4 fois avec l’appui et la bénédiction de Paris – les supplétifs du pouvoir peuvent jouer au football avec une tête humaine  sans que Paris ne lève le petit doigt- les ivoiriens royalement ignorés pourvu le pouvoir d’Abidjan et Paris trouvent leur compte dans la prise des décisions concernant la vie des ivoiriens ).

 

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Surtout que les évènements de novembre 2004 à l’hôtel Ivoire et sur les ponts enjambant la lagune Ebrié, restent de mémoire d’ivoirien un véritable terreau nourricier anti français prêt à l’embrasement à tout instant.

De quoi s’agit-il ?

Début novembre 2004, l’armée ivoirienne lance une offensive sur le nord du pays, sous le contrôle depuis deux ans d’une rébellion qui, malgré de multiples négociations ayant débouché sur son entrée au gouvernement, refuse tout désarmement. Au cours de cette offensive, essentiellement aérienne, neuf soldats français de la force Licorne et un civil américain trouvent la mort dans un bombardement. Dès lors, c’est l’escalade de la France en plein territoire ivoirien : neutralisation des moyens militaires aériens ivoiriens et occupation de l’aéroport d’Abidjan par l’armée française suivies d’importantes manifestations contre l’armée française etc.

 

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La prise de contrôle d’Abidjan par la force Licorne fera, en l’espace de quatre jours, plusieurs dizaines de morts parmi les civils ivoiriens. Les affrontements les plus importants ont eu lieu à l’aéroport d’Abidjan, devant la base militaire française de Port-Bouët, au niveau des ponts qui enjambent la lagune Ébrié, autour de l’hôtel Ivoire. A quand la fin?

 

A.Y 

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