36ème SOMMET/UA : «tolérance zéro » face aux changements de pouvoir non-démocratiques réaffirmée ; une conférence de réconciliation nationale sur la Libye annoncée

L’Union africaine (UA) a annoncé travailler à l’organisation prochaine d’une conférence de réconciliation nationale sur la Libye, dimanche 19 février à l’issue de son 36e sommet au cours duquel elle a maintenu la suspension de quatre pays dirigés par des militaires.

 

« Nous avons réuni les différentes parties et nous sommes en train de travailler avec eux sur la date et le lieu de la conférence nationale » sur la Libye qui se tiendra « sous l’égide du comité de haut niveau de l’Union africaine », présidé par le chef de l’Etat congolais Denis Sassou-Nguesso, a déclaré à l’AFP Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l’UA.

La Libye est plongée dans une crise politique majeure depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011. Le pays est miné par les divisions entre l’Est et l’Ouest et par les ingérences étrangères. Deux gouvernements rivaux se disputent aujourd’hui le pouvoir, l’un installé à Tripoli – et reconnu par l’ONU –, l’autre à Syrte (centre). L’Est et une partie du Sud sont contrôlés de facto par le maréchal Khalifa Haftar. Un double scrutin présidentiel et législatif, initialement prévu en décembre 2021 pour stabiliser le pays, a été reporté sine die, en raison de divergences sur la base juridique des élections et la présence de candidats controversés. Vous pouvez partager un article en cliquant sur les icônes de partage en haut à droite de celui-ci. La reproduction totale ou partielle d’un article, sans l’autorisation écrite et préalable du Monde, est strictement interdite. Pour plus d’informations, consultez nos conditions générales de vente. Pour toute demande d’autorisation, contactez [email protected] En tant qu’abonné, vous pouvez offrir jusqu’à cinq articles par mois à l’un de vos proches grâce à la fonctionnalité « Offrir un article ».

 

La démocratie doit être « protégée »

« Une réunion préparatoire a eu lieu il y a quelques semaines à Tripoli », la capitale libyenne, a affirmé M. Faki, avant de conclure : « Le départ des mercenaires a été demandé, (…) il faut nécessairement que les Libyens se parlent, je crois que c’est une condition préalable pour aller à des élections dans un pays apaisé ».

 

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L’UA, qui a conclu dimanche son sommet annuel à Addis-Abeba, siège de l’organisation continentale, a réaffirmé sa « tolérance zéro » face aux « changements anticonstitutionnels » de gouvernement et a maintenu la suspension de ses rangs du Burkina Faso, du Mali, de la Guinée et du Soudan. Le Mali, la Guinée et le Soudan avaient été suspendus par l’Union africaine en 2021, le Burkina Faso un an plus tard, après la prise de pouvoir par des militaires.

La démocratie doit être « protégée » et « s’enraciner », et l’Union africaine « demeure intransigeante contre toute accession non démocratique au pouvoir », a martelé Bankole Adeoye, le commissaire de l’UA aux affaires politiques, à la paix et à la sécurité.

 

Les cas du Mali, Burkina et de la Guinée

L’Union africaine a réaffirmé sa position, dimanche 19 février, en clôture du 36e sommet de l’organisation, quant aux changements de pouvoir anticonstitutionnels : c’est toujours « tolérance zéro ». En amont du rendez-vous, le Mali, le Burkina Faso et la Guinée, suspendus de l’UA et de la Cédéao suite à des coups d’État, avaient demandé leur réintégration, rappelle Florence Morice à Addis-Abeba. En vain. L’ambassadeur Bankole Adeoye, le commissaire paix et sécurité de l’Union africaine, l’a à nouveau martelé :

« L’assemblée a réaffirmé sa tolérance zéro face aux changements de gouvernement anticonstitutionnels. L’Union africaine maintient qu’elle ne tolère, en aucun cas, les méthodes non-démocratiques pour accéder au pouvoir politique. »

« Le département paix et sécurité de la commission est disponible pour mobiliser davantage de ressources humaines, techniques ou financières pour aider ces pays à faire face au fléau du terrorisme par le biais de la réforme de leur secteur de la sécurité. Je voudrais vraiment vous assurer que nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour aider ces États membres à revenir dans la famille, s’ils travaillent de leur côté à restaurer l’ordre constitutionnel. »

 

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Samedi 18 février, les pays membres de la Cédéao, réunis à Addis-Abeba, avaient également décidé de maintenir leurs sanctions contre le Mali, le Burkina Faso et la Guinée et d’imposer en outre des « interdictions de voyager » aux membres du gouvernement et aux représentants de ces pays. En clôture du sommet de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, le président de la Commission de l’UA, a également invité à réfléchir à l’opportunité de privilégier « les sanctions individuelles » ciblées pour dissuader ceux qui veulent procéder à des changements non constitutionnels pour éviter « que des sanctions générales puisse toucher aux intérêts des populations ».

 

L’expulsion d’une diplomate israélienne

Le sommet a également été marqué samedi par l’expulsion d’une diplomate israélienne, l’Etat hébreu accusant l’Iran d’être derrière cette « grave » mesure avec la complicité de l’Algérie et de l’Afrique du Sud. En 2022, l’UA n’était pas parvenue à clore ses discussions sur l’accréditation controversée d’Israël en tant que pays observateur. L’Algérie et l’Afrique du Sud avaient en particulier plaidé contre. Moussa Faki Mahamat a déclaré dimanche que l’accréditation était pour l’instant « suspendue » et que l’UA n’avait « pas invité d’officiels israéliens » au sommet.

 

Accélérer la mise en place de la zone de libre-échange

Les dirigeants africains ont également annoncé l’objectif d’accélérer la mise en place de la zone de libre-échange continentale africaine (ZLEC), qui doit réunir 1,3 milliard de personnes. Tous les pays de l’UA y ont adhéré, à l’exception de l’Erythrée, mais les discussions achoppent sur le calendrier des réductions des droits de douane, notamment pour les pays les moins développés La tâche à venir est « ambitieuse mais elle est atteignable », a affirmé Azali Assoumani, président des Comores, petit archipel de l’océan Indien de quelque 850 000 habitants, qui a pris la présidence tournante de l’UA à la suite de Macky Sall, le chef de l’Etat sénégalais. Moussa Faki Mahamat a affirmé que cet accord était « stratégique », tout en pointant du doigt les défis, sur un continent où 600 millions de personnes n’ont pas accès à l’électricité.

 

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Samedi, devant l’assemblée plénière du sommet, le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres a dénoncé un système financier international « dysfonctionnel et injuste » qui voit les pays africains emprunter de l’argent à des taux d’intérêt « exorbitants ».

Pour M. Guterres, l’Afrique est confrontée « à des défis énormes (…) sur à peu près tous les fronts », subissant les conséquences de crises pour lesquelles elle n’est en rien responsable. Antonio Guterres a également annoncé que le Fonds central d’intervention pour les urgences humanitaires (CERF) allait débloquer 250 millions de dollars pour venir en aide aux populations qui ont besoin d’une aide humanitaire.

 

Le Monde/AFP/Rfi

 

 

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